Les joueurs

James Sidney Ensor est un peintre, dessinateur et graveur belge lié au mouvement expressionniste. Ensor commença à peindre et à dessiner très jeune. Ses parents, un père d'origine anglaise et une mère ostendaise, qui tenaient un commerce insolite de "Souvenirs d'Ostende" n'encouragèrent jamais vraiment sa vocation. En 1877, il quitta Ostende et devint élève de l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles dirigée par Jean-François Portaels. A Bruxelles, il fait la connaissance de la famille Rousseau qui l'introduit dans les milieux artistiques et intellectuels de la capitale. En 1879, de retour à Ostende, il installa son atelier dans les combles de la maison familiale où il réalisera ensuite la presque totalité de son oeuvre. En 1881, Félicien Rops le fit admettre à la Société Artistique La Chrysalide, où il exposa pour la première fois. En 1882, il devint membre du groupe Essor mais, l'année suivante, plusieurs peintres et sculpteurs se désolidarisèrent du groupe pour former, à l'initiative d'Octave Maus, le Groupe des XX. Ensor en fut un des co-fondateurs. Ce groupe joua un rôle important dans la propagation de divers mouvements d'avant-garde internationaux. Refusé dans les Salons officiels, les manifestations annuelles du Groupe des XX furent longtemps à peu près la seule occasion pour Ensor de montrer ses peintures. Il continua à développer un style et une iconographie très personnels. James Ensor réalisa l'essentiel de son oeuvre gravé pendant la période 1886-1898. Ces oeuvres occupent une place à part dans sa production et exerceront une influence considérable en Europe, surtout en Allemagne et en Autriche, par exemple chez Emil Nolde, Paul Klee ou Alfred Kubin. Dans ses eau-fortes, la satire prend de plus en plus souvent le dessus, ce qui lui vaudra d'ailleurs le succès. En 1901, il fut associé à la fondation de la Libre Académie de Belgique. A partir de 1895 et jusqu'en 1933, lassé des refus et des critiques, il ne peignit plus qu'épisodiquement, préférant se consacrer à la musique, à l'élaboration d'un ballet pour marionnettes et à la rédaction de textes sarcastiques. Paradoxalement, au moins Ensor peignait, au plus sa renommée croissait : expositions internationales, visite royale, anoblissement (Ensor est fait baron en 1931)... mais quand vint le temps des honneurs, il était trop tard, l'amertume avait déjà tari son goût de peindre. (Bénézit, t. 5, p. 137-141 et Joost De Geest, James Ensor, dans L'Art du Jeu, 75 ans de Loterie Nationale, Bruxelles, Fonds Mercator, 2009, p. 178)